Page:Blandy - Revanche de femme 1869.djvu/170

Cette page n’a pas encore été corrigée

lait comme à un enfant ; la pénombre que la fermeture des volets répandait dans la chambre l’empêchant de bien voir sa favorite, il dit tout haut :

— L’imbécile qui ferme les volets en partant comme s’il y avait quelque chose à voler ici !

Et il se dirigea vers la fenêtre. Je saisis le moment où il était penché en dehors du vitrage pour disparaître ; mais ma robe s’accrocha à un clou du fauteuil délabré sur lequel je m’étais assise ; le fauteuil tomba, Christian se tourna et me vit :

— Suzanne. ! cria-t-il, Suzanne ici ! C’est un rêve !

Et il s’élança vers moi. Sa confiance dans la foi jurée était si superbe qu’il ne comprit rien à mon air indigné. Il me parla presque aussi tendrement qu’à Linda, avec une nuance en moins de passion, peut-être ; mais j’étais peu disposée à relever jalousement cette question de mesure. Mon seul embarras était d’expliquer ma présence. J’aurais voulu lui cacher mes sottes inquiétudes. Je le laissai m’interroger longtemps sur le motif de cette faveur inespérée qui le comblait de joie, à son dire, et je cherchais comment lui rendre ce qu’il venait de me faire souffrir. Puissiez-vous ne jamais le savoir, ma chère