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brées de moules à balles, de cartouches, de poudrières ; le lit de fer, étroit et sans rideaux, paraissait ravagé. Je ne comprenais rien à ce désordre, lorsque je vis se dresser sur l’oreiller une grosse tête velue. C’était Linda, la chienne favorite ; elle se savait si peu importune en se vautrant sur le couvre-pieds piqué, qu’elle ne se dérangea pas en m’apercevant ; elle m’envoya pour bienvenue un long baillement, et se tourna en rond avec la gravité paisible d’un être qui exerce un droit incontesté.

Malheureusement pour mon projet, loyalement servi par le piqueur, Christian était inquiet de Linda, qui boitait depuis deux jours ; au lieu de s’occuper de ses chiens, il entra dans sa chambre et se dirigea vers le lit, sur lequel il s’assit pour caresser Linda. Comme les volets n’avaient pas été ouverts, par excès de précautions, j’espérai échapper à la vue de Christian, et je me tins immobile sur mon fauteuil, attendant un moment favorable pour m’esquiver. Jean-Pierre m’aidait à sa façon, à l’aide de je ne sais quel argument de piqueur, il faisait aboyer les chiens dans la cour, afin d’y attirer son maître ; mais Christian ne semblait pas entendre les voix que donnait sa meute, tant il était occupé de Linda. Il la caressait, il lui par-