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sérieux. Je retrouvai pourtant l’intensité recueillie de mes sentiments lorsque le conducteur me dit en me montrant derrière un bouquet d’arbres un groupe de maisons basses et grises :

— Voilà le hameau de R**.

Il s’offrit à me conduire jusqu’au lieu où je me rendais ; mais je m’y refusai, croyant voir de la curiosité dans cette prévenance ; je laissai char-à-bancs et voiturier à l’auberge et je priai l’hôte de m’y attendre au moins deux heures. Ignorant dans quel état je trouverais Christian, je tenais à conserver ce moyen de retour dans le cas où sa maladie ne serait pas aussi alarmante que je l’imaginais. Je fis quelques pas au hasard sur la route qui composait l’unique rue du hameau ; arrivée à l’angle d’un sentier, je demandai la maison de M. Crzeski à un forgeron qui abandonna son établi pour m’indiquer du doigt l’habitation de Christian. C’était la seconde dans le sentier précisément au bord duquel je me trouvais. J’arrivai près du pied-à-terre qui était presque comme on me l’avais dépeint, une masure de paysan. Christian, ne jouissant pas de tous ses revenus, et d’un caractère timide, n’a jamais pu prendre sur lui de demander à son père ou un réglement de comptes ou une pension plus large ; mais