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tions rabelaisiennes et me cria d’entrer d’une façon peu cérémonieuse.

Les tables qui garnissaient la salle étaient entourées de buveurs qui jouaient avec des cartes graisseuses en lampant des rouges-bords. Tous levèrent la tête à mon aspect ; leurs chuchottements me poursuivirent jusqu’au moment où j’eus dépassé leurs groupes en me dirigeant vers l’hôtesse. Elle surveillait ses fourneaux, car la salle était à la fois le café et la cuisine, et elle leva à peine les yeux sur moi, occupée qu’elle était à couper un lièvre sur un billot de chêne.

— De quoi ? une voiture ! dit-elle à ma demande. Ça tombe bien. Le cheval vient de faire trois charrois de fumier. Il faut le laisser souffler quelques heures.

— Pas une seule, répondis-je. Il me faut la voiture à l’instant. Je vais au hameau de R***. Faites atteler tout de suite, je vous donnerai tout l’argent que vous voudrez.

— Tout ce que je voudrai, c’est bientôt dit, grommela-t-elle ; mais nous ne sommes pas gens à écorcher le monde, et encore faut-il que le cheval n’en crève pas. Dès que Fend-l’air aura soufflé, vous partirez. Un moment est bien vite passé.

Je dus prendre mon parti de ce retard. J’étais