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avisant un employé d’une mine avenante, je lui dis que quoique ayant mon billet, je désirais ne plus partir et retirer mes bagages. Je donnai cette explication d’un air peu assuré, car il sourit, mais il me tira d’embarras ; ma caisse fut consignée au dépôt, et j’allai me jeter dans un fiacre dont je baissai les stores en demandant d’être conduite au chemin de fer des Dombes.

Vous voyez, Paule, que je jouais une partie périlleuse. Il me suffisait d’être rencontrée par une seule personne de ma connaissance pour être perdue de réputation. Nous n’avions pas de relations dans les Dombes, et je courais seule les grands chemins comme une aventurière. Si j’agissais mal, je payai d’avance cette faute par mes agitations, par les sueurs froides qui me glacèrent dans le parcours de Perrache aux Terreaux. Le fiacre allait lentement, rasant les trottoirs de la rue Bourbon et de la rue Saint-Dominique ; cette voiture aux stores baissés égayait les passants et plus d’un propos gouailleur, insultant, arriva jusqu’à mes oreilles.

Au chemin des Dombes, je tremblais à chaque tournure connue ; je redoutais un visage ami. Heureusement, j’en fus quitte pour mes frayeurs, et je me sentis moins oppressée lorsque le train