Page:Blandy - Revanche de femme 1869.djvu/156

Cette page n’a pas encore été corrigée

rênes ; Jean s’amusait à voir des bataillons de soldats arrivés par le dernier train et massés en peloton dans un angle de la vaste cour, et il ne se pressait pas de remonter sur le siége. La cloche sonna ; mes gens étaient évidemment surpris de me voir rester en vedette sur le perron, inattentive à cet appel. Je me figurais qu’ils traînaient en longueur pour m’épier, tant il est vrai qu’on se croit soupçonné dès qu’on agit irrégulièrement. Enfin le coupé tourna la descente et je le vis s’engager sous les platanes du cours Napoléon.

J’entrai dans la gare. Je ne savais comment ne pas partir et empêcher surtout ma caisse d’aller à Saint-Georges. J’ignorais qu’au cas où elle ne serait pas réclamée à l’arrivée, elle était destinée à attendre ma réclamation au bureau des objets en dépôt. Comme elle portait l’adresse de Madame d’Albens, notre amie, je pensais qu’elle serait conduite à sa maison de campagne et que ma mère écrirait à Sainte-Foy pour apprendre la cause de ce singulier envoi et de mon retard.

Il était temps de prendre un parti ; je n’avais plus que cinq minutes avant l’heure du départ. Les voyageurs s’empressaient à l’entrée de la salle d’attente. Je pris mon grand courage et