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gularité à cette escapade. Ma mère étant dans le Mâconnais chez une de nos amies communes, je manifestai l’intention d’aller passer quelques jours avec elle, et comme je craignais qu’elle ne revînt pendant mon absence, je lui écrivis de m’attendre, car je me proposais d’aller la rejoindre après avoir vu Christian.

Certes, je n’aurais pas eu l’audace de concevoir seulement un projet aussi risqué s’il avait dû être combiné au profit de ma passion. À défaut de prudence, j’aurais été retenue par la crainte de déchoir aux yeux de Christian ; mais il s’agissait bien de tels scrupules lorsque je n’avais à lui apporter que la consolation de ma présence. Je m’exaltai tellement que mon projet me parut héroïque. Je fis mes préparatifs de départ, sachant bien que je risquais ma réputation, mais sacrifiant tout au monde pour ce pauvre blessé qui gisait à quelques lieues de moi avec mon nom sur les lèvres et mon unique souvenir dans le coeur.

Ces grands mouvements d’âme sont très-nobles ; leur exécution l’est beaucoup moins, parce qu’elle est arrêtée à chaque instant par les vulgaires engrenages de la vie habituelle. Ayant annoncé que je partais pour Saint-Georges, je trouvai dans la cour au moment de mon dé-