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sa santé, et j’attendis le premier le surlendemain. Point de lettre ! Deux jours après, pas davantage, et nul moyen de rien apprendre ! Le docteur Crzeski était dans les Pyrénées ; en cas de danger grave, c’est là qu’on lui eût écrit, et il n’eût pas pris le temps de s’arrêter à Lyon. Mes angoisses ne m’ôtèrent pas ma liberté d’esprit tout d’abord ; j’allai en tournée de visites dans toutes les maisons où je pouvais apprendre quelque chose : personne n’était mieux informé que moi. Joannys de Craye avait passé à Lyon, mais sans s’y vanter de sa prouesse. J’enviai fort alors la liberté d’allures qui permet aux hommes les démarches les plus extraordinaires. Ce que je commençais à désirer était bien innocent après tout. Voir un pauvre blessé et lui donner quelques consolations, y avait-il dans ce souhait rien qui fût blâmable ?

Je pris la fièvre à force de surmener mon imagination et mon coeur ; l’une était lasse de conjectures et de romans noirs ; l’autre était tordu par les convulsions de la crainte, par les élans de la pitié. Avec la fièvre et ses excitations, ce qui n’était qu’un désir devint un projet. Je méditai les moyens d’un voyage dans les Dombes où était Christian. J’accumulai prétextes sur mensonges pour donner une apparence de re-