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matin, Joannys de Craye et moi, pour aller rejoindre à trois lieues d’ici une bande de nos amis qui chassaient le sanglier ; nous étions à cheval, le fusil en bandoulière et heureusement pas encore chargé à balle. Ce maladroit de Joannys, qui se vante de son habileté malgré les moqueries que lui attirent ses bévues, a voulu tirer sur un vol de perdreaux. Mécontent de le voir s’amuser pendant qu’on nous attendait au rendez-vous de chasse, j’ai piqué des deux et pris les devants. Mauvaise inspiration ! car ce niais m’a criblé de la double décharge de son arme. J’ai six grains de plomb dans la main droite, d’autres dans l’épaule ; mon cheval, mon pauvre Kruk, a été atteint plus grièvement ; la surprise, la douleur l’ont tant affolé qu’il a rué et m’a jeté à terre. Je suis assez bon cavalier, vous le savez ; mais ne m’attendant pas à servir de cible, je n’ai pas eu la présence d’esprit nécessaire pour maîtriser Kruk ; j’ai été renversé sous ses pieds ; il m’a meurtri par ses ruades, et à part beaucoup de contusions dont je ne parle pas, j’ai le bras gauche démis ou cassé peut-être. Le médecin n’en dit trop rien de bon. La fièvre ne me quitte pas ; je souffre comme un damné et même plus, car je suis seul. Joannys a été si confus de son beau fait d’armes qu’il a planté là