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ger par des sarcasmes de ces douze jours d’amère solitude. Enfin je l’évitai, et j’appris à connaître la légèreté d’esprit de Christian, le peu de profondeur de sa pénétration il ne devina rien de mon plan de conduite ; il ne comprit même pas les efforts que je tentais pour le retenir. Il est vrai que je n’osai pas lui demander ouvertement ce sacrifice. Je craignais le succès de cette épreuve, et je n’aurais pas voulu, au prix de ma vie, qu’il m’obéît à contre-cœur. Je m’abandonnai au hasard de sa décision.

Les rôles étaient intervertis entre nous. À mon tour, je craignais et j’espérais ; mais si cette alternative enflamme un homme, elle bouleverse l’âme d’une femme ; elle l’humilie en mettant aux prises sa dignité et sa foi dans la passion qui lui est devenue nécessaire.

Pendant que je souffrais avec le sourire exalté des martyrs qui défie le supplice. Christian était heureux ; jamais son existence n’avait été si belle que cet automne : la chasse était abondante, le temps superbe et je l’aimais. Lasse de me dévorer en silence, je me rattachai éperdûment à cette affection, la seule qui me restât, et je vécus, non au jour le jour, mais pour l’heure présente, ne voulant rien voir au-delà, cherchant à faire