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si ce n’est en beauté, du moins par ce je ne sais quel charme que communique une passion vivement sentie ; mais entrer en lutte contre les mérites d’un chien courant, vouloir surpasser les attraits d’une battue de buissons, est-ce digne, est-ce même possible ?

Christian me parlait certainement de son amour dans les lettres qu’il me dépêchait tous les quatre ou cinq jours, mais en peu de mots ; il me détaillait plus longuement les hauts faits de sa meute, comme s’ils eussent dû m’intéresser. Il datait toujours ses billets de dix heures du soir ou de cinq heures du matin, me disant dans le premier cas qu’il était excédé de fatigue, et dans le second qu’il sortait au plus vite, son piqueur l’attendant depuis longtemps déjà. La naïveté avec laquelle il m’associait à ses exploits cynégétiques me fit comprendre mieux que ses brèves protestations d’amour qu’il ne m’oubliait pas. Enfin il revint au bout de douze jours, sans me prévenir, comptant me causer une aimable surprise, fier de savoir me faire tendre un sacrifice et sûr d’en être payé par un accueil. J’aurais dû lui tenir rigueur, mais il n’était plus temps de montrer tant de susceptibilité, et je fus lâche au point de ne pas lui laisser voir que j’avais souffert. Je lui demandai