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d’un joli baby dans le coupé de Rosa Rentz hâta ma défaite.

Pourtant je ressentis plus de douleur que de colère en voyant ainsi consacrée la trahison de mon mari, mais aucune idée de vengeance ne se mêla à mon abandon ; je me rattachai à la seule âme qui m’aimât ; je voulus garder à tout prix cette affection dont je ne pouvais douter. Le passé de Christian me répondait de l’avenir ; je ne résistai pas à l’orgueilleuse pensée que son bonheur entier dépendait de moi. Enfin, Paule, pour tous ces motifs, pour mille autres indécis et confus dans le trouble de mon cœur, je devins coupable.

Vous me regardez !… comme vous me regardez !… Vous voulez savoir, je le devine, quelles joies l’on trouve dans les passions défendues ? quelles ivresses endorment la pudeur, font taire le remords ? Écoutez et instruisez-vous.

Ce fut dans les derniers jours d’août que je donnai à Christian cette preuve d’amour. Dès que je fus à lui, tout le reste disparut de ma pensée ; il me sembla que je n’existais que de ce moment-là ; sa présence me devint nécessaire comme l’air que je respirais. Je partageai sa mélancolie, je ris de ses saillies railleuses ; j’éprouvai le besoin de m’identifier avec tous les mou-