Page:Blandy - Revanche de femme 1869.djvu/143

Cette page n’a pas encore été corrigée

exalté aux dépens de mes inspirations mauvaises, et le lien qui m’unissait à Christian m’était d’autant plus sacré qu’il était chaste. J’essayai donc de maintenir notre intimité dans les limites d’une affection à la fois enthousiaste et fraternelle.

Christian n’était pas d’un caractère à me prouver par une diversion, comme Julien, qu’il pouvait se passer de mon amour ; il s’affligea réellement, et tout le monde remarqua son air défait et sa pâleur. On m’accusa même de lui faire de méchantes petites querelles, et l’on trouva ma froideur peu amicale envers mon ancien camarade d’enfance ; cette qualité servait si bien Christian que personne ne soupçonna la nature de ses sentiments, et sa réserve si proverbiale le rendait sans conséquence.

Une légère fièvre qui retint Christian quelques jours chez lui décida de mon sort. Qu’elle fût causée par mes rigueurs, j’en doute maintenant : il faisait assez d’excès ambulatoires et équestres pour gagner une courbature en s’exposant de longues heures au soleil d’août, mais dans ce temps-là je ne fis pas cette réflexion ; celles qui me vinrent à l’esprit furent toutes à l’avantage de son amour, et la souffrance que je causais décida ma perte. Pour tout vous avouer, la vue