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mais nous entendant par le cœur. Quand nous revînmes lentement, nous n’échangeâmes pas. un mot ; c’eût été inutile, nous nous étions tout dit.

L’été se passa sans que cette intimité fut troublée par les indifférents ou gâtée par la faute d’un de nous. Christian ne m’alarma point par de trop promptes exigences ; mais les passions ont leurs lois fatales que subissent les âmes les plus modérées, et il finit par se plaindre du peu que je lui accordais. C’est là le terme des amours les plus purs aussi bien que des plus ardents, et ces derniers sont les moins dangereux pour une femme délicate, car ils ternissent trop vite les poésies de l’illusion sous le souffle embrasé des désirs. Puis leurs instances ont un caractère dominateur contre lequel s’insurge le libre arbitre féminin, tandis que nous sommes flattées de rester maîtresses de nous-mêmes et tentées d’abdiquer cette royauté dès qu’on la reconnaît humblement. Reines avant, esclaves après, a-t-on dit. C’est vrai dans un sens ; mais ce qu’on n’a pas assez expliqué, c’est que la prière nous touche plus que les grands éclats de passion ambitieuse, et que nos volontés doivent être gagnées et non subjuguées. Reines, c’est-à-dire fortes pour nous défendre dès qu’on nous attaque ; esclaves, c’est-