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reté de sa jeunesse et le garder plus longtemps au foyer.

Le docteur n’avait pas l’intention de faire de Christian l’oisif que nous connaissons ; il désirait le pousser dans une carrière scientifique ; mais les distractions qu’il avait prodiguées à son fils devinrent pour celui-ci le but même de son existence. Au collége, il n’étudiait que pour n’être pas privé le dimanche de voir ses chiens et ses chevaux. À peine fut-il bachelier qu’il abandonna toute occupation d’esprit au point de ne plus ouvrir un livre, et il devint un grand chasseur, plus familier du chenil et de l’écurie que des salons ou du cabinet de travail. Le système du docteur avait trop bien réussi, mais il ne pouvait s’en prendre à personne, pas même à son fils dont la conduite, somme toute, était irréprochable. Si le docteur Crzeski déplorait l’oisiveté de Christian, sa consolation (il le disait souvent à ma mère) était de ne pas le voir donner dans les travers dépravés à la mode, et ne pouvant en faire un homme utile, il se résignait à ne voir dans son fils qu’un bon et pur gentilhomme, adonné aux exercices de corps de tout temps si chers aux Polonais.

Christian a dans le caractère un fond de mélancolie qui tient au sérieux de la maison pater-