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dition qui exige de tout lycéen une passion juvénile pour la femme, jeune ou mûre, belle ou laide, qu’il voit habituellement. J’avais beaucoup ri de ses vers, de ses billets microscopiques que je trouvais partout, dans mes broderies, dans ma capeline de jardin, sur le pupitre de mon piano. Avec sa figure imberbe et ses grandes phrases sentimentales entremêlées de réminiscences puériles, il ne me taisait pas l’effet d’un amoureux. Comme j’étais dépourvue de coquetterie, mais non pas de malice, je m’étais souvent amusée, sans qu’il s’en défiât, à le faire passer d’une tirade emphatique à nos anciens jeux des vacances. S’il était déjà assez homme pour se croire épris, il était encore assez enfant pour oublier ses prétentions nouvelles en faveur de ses distractions accoutumées, et il ne voyait plus en moi qu’un joyeux camarade quand je lui proposais de faire à cheval le tour du clos ou de lutter d’adresse au tir au pistolet. Alors il reprenait subitement le ton frondeur de l’écolier, il critiquait ma façon de me tenir en selle, mon habitude féminine de trop tirer sur la bouche de ma monture, et mes accès de frayeur quand mon cheval prenait le train de sa bête, qu’il harcelait pour lui faire garder le grand galop ; au tir, il discutait les coups sans nulle galanterie,