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amitié d’enfance l’autorisait à garder une place distincte auprès de moi. Celui-là… — Est-ce que je vous l’apprends, Paule ? — C’était Chris- tian Crzeski !

— Christian ! s’écria Paule qui avait écouté jusqu’alors en silence. Christian ! Et sa main tremblante vint chercher celle de Suzanne. Il vous a aimée, lui, lui !

— Ne pâlissez pas, ne vous troublez pas, répondit la jeune femme avec mélancolie. Vous aurais-je condamnée à entendre ce long récit s’il n’avait dû vous intéresser par un point ? Je vous ai prévenue en le commençant, mais il vous était impossible de comprendre cet avertissement, et je ne pouvais pas vous faire mes confidences à demi ; c’eût été vous exposer à me méconnaître, car pour me bien juger, pour m’excuser un peu, il fallait vous dérouler tout le roman intime de mon coeur. En vous parlant de Christian Crzeski, je vais m’exposer à vous blesser, car vous le voyez avec les yeux prévenus de l’amour, et moi, avec les yeux clairvoyants de la désillusion. Faites-moi crédit d’un peu de franchise, et surtout n’attribuez à aucune rancune mesquine mes appréciations de son caractère.

Paule ne répondit pas à ce préambule, mais