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Je revins à Lyon dans cette funeste disposition d’esprit. Ce fut peu de temps après que je rouvris mes salons très-brillamment et que je me mis à la tête de la mode. Il y avait dans les commencements un peu d’espoir dans cette coquetterie exagérée. Je voulais voir si les hommages qui m’assaillaient alarmeraient Hermann, et si la femme dédaignée par lui emprunterait quelque prix à tant de succès. Comme toutes les autres, cette tentative échoua. En vrai Allemand, Hermann n’était accessible que par le cœur ; la vanité n’entrait pour rien dans ses sentiments. De même qu’il avait ouvert un large compte à mes charités quand j’étais à la tête de toutes les bonnes œuvres, de même il solda mes extravagances de toilette, sans m’adresser le moindre reproche, ni le plus simple compliment. Il évitait ainsi tout ce qui, de près ou de loin, eût ressemblé à une explication.

Je fis dans ce temps-là bien des envieuses qui m’eussent pardonné les tourments jaloux que je leur infligeais, si elles m’eussent vue, à peine sortie de leurs salons, pleurant sous mes couronnes de fleurs, froissant de colère mes misérables chiffons de dentelle et de soie, jetant mes hochets de rubis et de perles. Plus je me livrais à cette vie frivole, et plus je sentais que je n’étais