Page:Blandy - Revanche de femme 1869.djvu/124

Cette page n’a pas encore été corrigée

être poussée par aucun attrait vers l’homme dont je voulais faire mon complice Vous l’avouerai-je ? moi dont les sens avaient dormi jusqu’alors, et qui n’avais éprouvé qu’une pudique souffrance lorsque j’avais dû résister à Julien Deval, j’étais dominée à Aix par une curiosité malsaine, irritante.

Quand je rençontrais Rosa, je cherchais à surprendre sur sa figure le secret de la passion d’Hermann. Quand mon mari s’esquivait, je le suivais en imagination jusqu’auprès d’elle, je me tournais et me retournais sur le lit d’épines de la jalousie, et j’épiais au retour d’Hermann sa physionomie et ses gestes, pour savoir quelle somme de bonheur on peut puiser dans les furtives voluptés de l’amour coupable.

Hermann avait déposé le masque soucieux de l’homme affairé ; une sorte de détente semblait s’être opérée en lui ; tous ses traits respiraient un bien-être intime, plus délicieux peut-être pour devoir rester secret. Je trouvais insolente cette joie mal dissimulée qui insultait à ma tendresse inassouvie. Cette liaison établie à mes dépens narguait ma vertu si mal récompensée, et je me répétais que cette vertu était inutile, puisqu’on ne l’exigeait pas de moi et qu’on m’en tenait si peu compte.