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maladie furent morales, comme celles de beaucoup de fièvres du reste ; car si l’on cherchait bien, on trouverait que la plupart des troubles de la santé ne tiennent pas à des influences purement physiques. Je fus soignée par ma mère qui vint s’établir à mon chevet.

Je subis des crises terribles. Cent fois, dans l’exaltation de mon cerveau, je méditai de parler à Hermann, de lui avouer mes souffrances, mes torts passés, et de lui demander, comme une grâce, son affection pour l’avenir. Mais la crainte et l’effroi retenaient sur mes lèvres les paroles touchantes que je me répétais à moi-même pour m’enhardir. Il arrivait près de mon lit, se penchait vers moi, prenait doucement ma main en s’informant de mon état ; il écoutait avec attention ce que ma mère lui disait de la nuit que je venais de passer, et il partait en me félicitant du mieux annoncé, ou en déplorant la persistance de mon mal, et je restais tremblante, torturée sur mon lit de douleurs, sentant que la bienséance seule amenait mon mari près de moi, puisqu’il ne trouvait à me dire que ce que m’eût dit un étranger. Dès qu’il avait quitté ma chambre, je me reprochais mon silence, puis je demandais une glace et je m’applaudissais de ne lui avoir pas parlé en voyant ma pâleur livide,