Page:Blandy - Revanche de femme 1869.djvu/119

Cette page n’a pas encore été corrigée

très-confortablement dans un petit hôtel du cours Morand ; mais elle ne faisait pas partie du monde galant, et sauvait par sa réserve modeste les dehors de sa situation irrégulière. À peine la voyait-on au parc, dissimulée dans un coin de son coupé, et au Grand-Théâtre, au fond d’une baignoire. C’était, me dit Julien, un amour mi vergiss-mei-nicht, mi pot-au-feu. Les quelques amis qu’Hermann avait présentés à Rosa avaient trouvé une femme timide et rougissante ; on ne jouait pas chez elle ; elle ne recevait aucune femme, et l’on était tenu de s’observer, car Hermann maintenait la conversation au diapason le plus convenable.

Ces explications m’atterrèrent. Une femme perdue n’eût été pour Hermann qu’une distraction, qu’un prétexte à étaler son opulence ; Rosa était pour moi une rivale. Elle jouissait du bonheur dédaigné par moi, et je n’avais pas le droit d’adresser des reproches à mon mari. Dès ce jour, au grand étonnement de Julien, je rompis avec lui tout entretien intime. Suzanne redevint Madame Brülher.

Je ne m’inquiétai pas de son dépit probable, et une maladie que je fis peu de temps après, et qui éloigna toute visite, me fut un bon motif pour cesser de le recevoir. Les causes de cette