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elle ne se manifestait plus que par une amabilité de convention, que je sentais glacée. Savait-il quelque chose du changement de mes idées, de ma liaison romanesque avec Julien Deval ? Je l’ignore. Peut-être n’en soupçonnait-il rien, peut-être était-il de ces hommes qui ne reviennent pas sur une première impression, et me croyait-il toujours la femme des premiers temps de mon mariage ; peut-être aussi lui étais-je devenue assez étrangère pour que tous mes sentiments lui fussent indifférents.

Cette révélation, que Julien m’avait faite dans l’intérêt de sa passion, eut un effet tout contraire : elle me détacha de lui complétement. Mais je ne lui laissai pas voir si vite que cette nouvelle foudroyante réveillait en moi la notion du devoir, presque oubliée, car je voulais savoir tout à fait ce qu’il ne m’avait dit qu’à demi. Il répugnait à une confidence détaillée ; je lui rends cette justice qu’il hésita quelque temps à trahir cette secrète franc-maçonnerie qui existe tacitement entre les hommes. Il me vit enfin possédée d’une curiosité si ardente qu’il espéra obtenir de mon orgueil blessé ce qu’il n’avait pu recevoir de mon amour. J’appris qu’Hermann avait depuis un an une liaison suivie avec une jeune Allemande nommée Rosa Rentz. Il l’avait établie