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pect, à défaut de mon amour. Restée seule, je voulus vainement mépriser cet avis et le prendre pour une de ces manœuvres que les hommes amoureux emploient pour vaincre les dernières résistances. Je ne pus m’arrêter à cette opinion qui m’eût été douce, car le plus ou moins d’estime pour Julien n’était plus une question importante pour moi. Du jour au lendemain, je m’éveillai jalouse, jalouse de mon mari que je n’aimais pas. Certes, Paule, si je ne parlais pas à une femme amie, capable de comprendre ces inconséquences du cœur, j’aurais honte de les confesser.

Ce sentiment, jusqu’alors inconnu, me bouleversa. Julien me fit horreur, parce que c’était lui qui m’avait ôté à demi le droit de m’offenser de l’abandon d’Hermann. J’observai mon mari : son attitude, ses habitudes nouvelles ne confirmaient que trop l’indiscrétion de son rival. Les affaires nombreuses de M. Brülher lui donnaient un excellent motif de ne pas paraitre chez lui dans la journée ; souvent même, il n’y déjeunait pas, et le soir, à peine avais-je deux personnes au salon qu’il disparaissait. Quand rentrait-il ? Je ne le savais pas, et depuis longtemps je n’avais plus à m’en inquiéter. Sa bonté envers moi ne s’était jamais démentie, mais