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lui posais, Julien s’effraya. Il ne s’agissait plus pour lui de quelques plaisirs et d’un succès de fatuité, je lui faisais entrevoir une responsabilité dangereuse, un scandale et, à coup sûr, si je parlais de briser ma position, je compromettais à tout jamais la sienne.

Malgré les apparences poétiques données à sa passion, Julien est très-positif ; je m’en suis aperçue plus tard, quand les préventions de l’amour ne m’ont plus trompée. Ce ne fut pas un sentiment vertueux qui le retint, mais la crainte de gâter son avenir. Quand il eut compris que ma déclaration n’était pas une dernière tentative de défense et qu’elle exprimait le fond même de ma pensée, il cessa de me voir, sans même essayer de colorer sa retraite d’un prétexte plus ou moins valable. Quinze jours après, tout Lyon parlait de son prochain mariage avec mademoiselle D… Ce inariage manqua, vous le savez, et alors, admirez la lâcheté des hommes ! Julien revint, s’excusa d’avoir voulu se marier par dépit de mes rigueurs, dit que, n’ayant pu renoncer à moi, il avait rompu ce mariage pour me rapporter un coeur inhabile à m’oublier.

Je ne sus pas si l’initiative de la rupture avait été prise par lui, car lorsque ces projets d’union ne se réalisent pas, les deux fa-