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siennes avaient de trop accentué pour Lyon, aussi ne vous expliqueriez-vous paş l’impression qu’il produisit sur moi, si je ne vous disais qu’il était autre que maintenant. Il n’avait pas adopté l’air gourmé, d’uniforme ici ; il savait, être spirituel, ne réprimait pas ses saillies, et s’exprimait sur toutes choses avec une liberté cavalière qui m’enchantait, car je n’étais pas habituée à ces amusants paradoxes qui constituent le fond de la conversation parisienne. Julien avait de la jeunesse dans les idées, ce qui nous manque ici, du mouvement dans l’imagination, et, en sa qualité d’avocat, beaucoup de grâce dans le verbiage. Je dis verbiage à dessein, car ceux dont le métier est de parler tombent inévitablement du côté où ils penchent et tiennent volontiers le dé des entretiens. Un tel débordement de personnalité m’eût déplu chez un autre ; il ne fut chez lui qu’un attrait de plus, parce que je périssais d’ennui et qu’il sut me distraire.

Généralement on me trouvait sauvage, car je me taisais volontiers, ne pouvant dire un mot de ce qui m’occupait. Mes causeries avec tout le monde s’arrêtaient après les banalités de convention ; avec Julien, je n’étais jamais à court de répliques. Je l’écoutais avec tant de plaisir, qu’il m’en sut gré et qu’il me fit une réputation