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naît là-bas. Ce bruit qui m’arrive indécis, ne dirait-on pas des soupirs ou des murmures d’amour ! Le soir, baignée dans cette blanche lueur de lune, Lyon n’est plus la ville industrielle et positive du plein jour. C’est le Lyon des poëtes, des rêveurs, des amoureux ! Et pariai les milliers d’âmes que la beauté de cette nuit émeut, pas une dont la joie dépende de mon dédain ou dė mes sympathies ! »

C’est dans ces rêveries que je me perdais. De telles illusions, quand on s’y livre tout entière, ont la puissance qu’on attribue aux évocations, ma chère Paule, J’appelais l’amour : l’amour vint, mais non tel que je me le figurais, moi qui l’avais méconnu pour ne le voir que dans les faux mirages de mon imagination. Le nom que je vais prononcer, vous l’avez sans doute sur les lèvres. Julien Deval ne fut pas le premier qui osa me faire la cour ; les hommes sont habiles à deviner quelles femmes sont dans la disposition d’esprit où je me trouvais, et la froideur visible de M. Brülher était encourageante ; mais il fut le seul dont la poursuite m’occupa ; car je lui trouvai quelques-unes des conditions que j’imposais dans ma pensée à mon idéal.

Vous n’avez-vu Julien Deval que plus tard, et lorsqu’il a eu rejeté ce que ses habitudes pari-