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n’obtient pas si vite les qualités que ce nom sous-entend. Bien des jeunes femmes ne sont que des enfants ; je n’en veux pour preuve que la déraison avec laquelle elles gâtent leur bonheur à force de le tourmenter, comme un joujou qu’on remplacera par un plus neuf. Et le bonheur enfui ne revient pas et se remplace encore moins, je le sais.

Ayant perdu la partie pour m’être jetée dans un extrême, je crus la regagner en me lançant dans l’extrême opposé. Elles étaient calmées, ces belles ferveurs religieuses qui me possédaient dans les premiers temps de mon mariage. Les dissipations du monde, mon besoin de m’étourdir, enfin une secrète rancune contre le sujet de mes chagrins, m’éloignèrent de la compagnie pieuse que je voyais chez ma mère. Je lus beaucoup, et sans choix, sans discernement. Loin de chercher des livres capables d’élever mon esprit, je me nourris d’ouvrages brillants de forme, mais de fond peu solide qui enivrèrent mon imagination aux dépens de ma raison. J’y puisai des sophismes de tout genre, et avant tout l’amour de ma personne. Les romans exaltent la jeunesse et la beauté. Je me persuadai que j’avais le second de ces avantages ; quant au premier, nul ne me le contestait.