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de moi. Je n’étais plus pour lui que la femme qui portait son nom. S’il m’estimait encore, il ne m’aimait plus. Je le voyais à peine, car il appela dans sa maison le bruit et les fêtes qu’il en avait éloignés tant qu’il avait espéré réaliser son idéal de bonheur paisible, à l’allemande. Il reçut ses confrères de la haute finance. Notre salon, vous le savez, fut un des rares salons de Lyon qui réunirent une partie de notre noblesse exclusive et l’aristocratie de l’argent. Bien qu’Hermann ne portât pas son titre, on le savait bien né, et ma mère avait des alliances de famille qui nous permirent le mélange de deux classes qui se tiennent isolées l’une de l’autre, surtout en province, où nul privilége de talent et de fortune ne rapproche les distances sociales.

Le contact du monde élargit le cercle de mes idées. Je vis, j’entendis, je comparai, et commençai à me faire des opinions sur toute chose. Isolée, malgré mon nombreux entourage, ne sachant comment user de la triste liberté que j’avais acquise au détriment de mon bonheur, je méditai et compris en partie mes torts. Je dis en partie, car je ne me jugeai pas aussi sainement qu’aujourd’hui. Je rejetais sur Hermann presque toute la responsabilité de mes fautes. Pourquoi n’avait-il pas vu que j’étais une