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avec mon mari des conférences et de mon canapé une chaire. Lorsque Hermann m’arrivait las de ses chiffres et de ses opérations de banque, quêtant un sourire, une bonne parole, il trouvait un prédicateur armé de textes, ardent à la propagande. Il lutta longtemps de tout l’ascendant de son amour contre cette atteinte à sa dignité ; circonvenue par les encouragements des amies de ma mère, autorisée par la tacite approbation de celle-ci qui n’osait pas s’opposer à ce qu’on lui représentait comme mon devoir, je montrai pour la première fois de la volonté, ou plutôt je subis l’impulsion qu’on me donnait.

Peu à peu, j’outrai l’esprit de mon rôle. On me fit comprendre tout le parti que je pouvais tirer d’habiles rigueurs. J’étais trop jeune pour savoir pratiquer de moi-même la politique des femmes qui assurent leur domination par des froideurs calculées ; mais j’employai cette tactique dès qu’elle me fut suggérée, et je m’en servis en enfant possédé d’une idée fixe, sans apprécier ce qui pouvait en résulter.

Un homme plus jeune qu’Hermann eût peut-être cédé à la grâce de mes prières ; plus faible, à mes larmes et à mes résistances. Un homme plus absolu m’eût interdit toute communication avec la coterie qui me poussait et m’eût facile-