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ture paisible et aimante était faite. Il se trompa, car il prit pour des promesses de tendresse ma docilité ignorante, et comme des gages d’amour solide, ma reconnaissance pour ses bontés. Je vous le déclare, Paule, si jamais homme fut digne d’être aimé, mon mari l’était, et c’est moi qui ai gâté la félicité qui m’était offerte, par mon aveuglement imbécile et par ma facilité à suivre des conseils inintelligents.

Dans le vague de mes idées, un seul sentiment était sûr et profond, c’était le sentiment religieux. J’étais pieuse jusqu’à m’affliger d’être séparée sur ce point de mon mari, qui appartenait à la religion réformée. Ma mère était pieuse aussi, mais avec moins d’exaltation, car l’âge et l’expérience lui avaient appris à respecter toutes les convictions ; elle m’exhortait à la patience quand je lui faisais part de mes chagrins à ce sujet. Elle ne m’interdisait pas tout espoir de conversion ; mais elle répugnait aux discussions de principes qui sont irritantes, et m’engageait à tout attendre du temps et du bon exemple. Par malheur pour moi, ses amies accusaient son indulgence de faiblesse. Madame de Craye, surtout, ne négligeait aucun moyen d’entretenir chez moi cette ferveur de prosélytisme. Par ses conseils, je fis de mes entretiens