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entrez dans la diplomatie, et enfin, moralement et intellectuellement, vous serez partout inférieur à qui vaudra mieux que vous. »

Stéphane, hors de lui, répliqua : « Sachez, mademoiselle, que je ne me soumettrai jamais à personne et que j’entends ne rien faire du tout.

— Vous serez toujours forcé de subir l’autorité des lois du pays dans lequel vous vivrez. La subordination est la loi sociale et nul n’y échappe.

— Je ne ferai jamais que ce qui me plaira.

— Or bien, Stéphane, dit Arkadi, puisque tu ne reconnais aucune autorité, nous voici à propos sur la place de la Tverskoi. Veux-tu que nous nous arrêtions au palais du gouvernement et que j’aille dire au factionnaire. Voyez, mademoiselle, c’est justement un soldat d’un régiment circassien :

— Moi, chargé des pouvoirs de Stéphane Paulowitch, je t’ordonne d’aller déclarer à Son Excellence le gouverneur, que le dit Stéphane, n’admettant pas que nul au monde aie le droit de lui commander, entend que notre père le czar, lui cède à l’instant le trône de toutes les Russies.

— Assez, Arkadi, lui dit Suzanne, vos railleries exaspèrent Stéphane sans l’instruire ; l’ironie est une arme dont vous abusez, mon enfant. C’est de toutes les formes de la raison celle qui lui nuit le plus, car elle la rend déplaisante. »