Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/8

Cette page n’a pas encore été corrigée

Dans les grandes villes, les pompes du culte s’accroissent du prestige de l’immense cortége de toutes les autorités civiles et militaires en costumes de cérémonie ; mais pour être plus simple dans les petits villages, la célébration de cette solennité n’y est peut-être que plus poétique. Il y a bientôt vingt ans, le petit village de la Mouldaïa, situé dans le gouvernement de Moscou, s’apprêtait dès le grand matin pour cette fête, si aimée des mougiks (paysans russes). Pendant que le pope entrait à l’église pour y commencer l’office du jour et réunir la procession, la foule des jeunes hommes descendait vers l’étang glacé.

Ils étaient tous en habits de fête ; mais leurs vêtements étaient couverts d’un manteau de peau de mouton d’un blanc éclatant, car le froid était aigre : vingt-cinq degrés environ au-dessous de zéro ; aussi gardaient-ils, enfoncés jusqu’aux yeux, leurs bonnets de fourrure au côté droit duquel pendait le ruban rouge des jours de fête. La plupart portaient un fusil chargé en bandoulière, et contre l’habitude des Russes qui dépensent en beaucoup de paroles la gaieté que leur causent les réunions nombreuses, ils causaient entre eux paisiblement comme des gens auxquels leur piété religieuse avait ordonné de rester à jeun jusqu’après la cérémonie.

« Notre père Pavel Stepanowitch viendra-t-il à la fête ? J’ai vu son traîneau à l’entrée de la maison seigneuriale,