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pliquée. L’autorité la moins contestée ne peut rompre en quelques jours les habitudes de plusieurs années et Mlle Mertaud trouva cent obstacles difficiles à combattre, dans la faiblesse de la comtesse Praskovia, dans l’inertie respectueuse de la domesticité, et surtout dans le luxe de la maison Alénitsine qui permettait à Stéphane de disposer des gens et des choses selon son caprice.

Tout enfant qu’il fût, Stéphane jouissait des priviléges que les familles opulentes de l’Occident accordent à peine à des jeunes gens déjà entrés dans le monde. Mlle Mertaud comprenait que les leçons fussent fastidieuses pour cet enfant qui entendait piétiner dans la cour les chevaux attelés pour sa promenade pendant qu’il expliquait des Géorgiques ou conjuguait des verbes français. Puis les soirées étaient perdues pour le travail, car Stéphane ne manquait pas d’aller trôner au salon. Enfin le programme que Suzanne s’était tracé était contrarié de jour en jour par le mode d’existence de la famille qu’il eût fallu modifier dans l’intérêt de ses élèves.

À bout de méditations sur ce sujet, elle recourut à la comtesse et lui exposa son embarras. Aux premiers mots, la comtesse entra dans ses vues et lui annonça qu’elle aussi, de son côté, projetait de se retirer pour quelques mois du bruit de Moscou dans son bien de la Mouldaïa.

« Peut-être même, si vous ne vous ennuyez pas trop à la campagne, ajouta-t-elle, pourrons-nous y passer l’hiver prochain. Voilà qui est entendu : nous partirons