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Il secoua la tête : « D’ici là… » grommela-t-il entre ses dents.

« Je puis vous apprendre dès aujourd’hui, continua-t-elle, qu’il se fait une fête de vous revoir dans deux ans ; il espère vous trouver instruit, doux, aimable, humain, modeste, bien élevé, et il compte alors finir lui-même votre éducation en vous faisant voyager. Or pour que vous puissiez le suivre dans ses excursions d’une manière agréable pour lui, il faut que vos connaissances historiques et scientifiques vous permettent à cette époque de comprendre ses travaux et d’y prendre goût.

— Bah ! à quoi bon devenir savant ! je n’ai pas besoin de gagner ma vie. Passe pour mon cousin à qui son père n’a guère laissé que des dettes.

— Si vous ne vous souciez que de rester un grand seigneur inutile au reste du monde, c’est Arkadi que le comte Alénitsine prendra en amitié et fera voyager avec lui, répondit froidement miss Suzanne.

— Cela, je ne le veux pas, s’écria Stéphane en frappant du pied avec colère. Arkadi n’est que le neveu de mon père. Mon père doit me préférer à lui.

— Un père ne doit à son fils que ce qu’il mérite, » répondit Mlle Mertaud qui ne put s’empêcher cependant de sourire, car cette émulation d’affection que Stéphane montrait lui révélait le secret à l’aide duquel elle pourrait dompter cette nature jusqu’alors si rebelle.

La tâche de l’institutrice restait pourtant bien com-