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mant mouvement d’Arkadi. Assis sur un tabouret aux pieds de sa grand’mère pendant qu’elle exposait aux deux enfants les volontés du comte Pavel, il se leva tout à coup, et allant prendre les deux mains de Suzanne, il lui dit :

« Vous voulez donc bien être ma petite maman ? Je vous en remercie. Vous aurez en moi un fils bien étourdi, bien léger, mais d’un bon coeur… un vrai Russe. Quand vous ne serez pas contente de lui, rappelez-vous qu’il tâchera de mieux agir dès qu’il s’apercevra qu’il vous a affligée.

— J’accepte ce pacte avec plaisir, répondit Suzanne en posant la main sur la tête frisée d’Arkadi, car si j’avais posé mes conditions moi-même, je ne les aurais pas faites autres que les vôtres.

— Et toi, Stéphane, dit la comtesse, ne diras-tu rien à mademoiselle ? »

Stéphane, lourd de nourriture, s’était jeté en entrant sur un divan, et il pouvait d’autant moins parler que le discours de sa grand’mère l’avait stupéfié. Son humiliation de se voir soumis à Mlle Mertaud était d’autant plus forte que son orgueil lui défendait de la manifester ; il se contenait donc en silence, mais avec de tels efforts pour ne pas se révolter ouvertement, que le travail pénible de sa digestion en fut arrêté. Tout ce qu’il put faire, ce fut de murmurer entre ses dents :

Puisque mon père le veut !… » et d’adresser à Suzanne un petit signe de tête bien sec.