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d’entrée afin de guetter l’arrivée de Stéphane. Comme il ne paraissait pas, elle lui envoya successivement deux des valets et Mlle Mertaud se promit bien que la comtesse n’attendrait plus ainsi son petit-fils.

Enfin Stéphane parut et malgré sa mine rechignée, la bonne comtesse salua son entrée du plus aimable sourire ; elle dit elle-même le Benedicite et pendant que les convives faisaient honneur aux agouski, la conversation s’engagea ainsi :

« Tu m’as inquiétée, Stéphane, lui dit sa grand’mère, en ne descendant pas tout de suite. Mademoiselle craignait que tu ne fusses malade.

— Je lui rends grâce, répondit maussadement Stéphane en grignotant du bout des dents une tranche de saumon fumé ; je n’avais pas faim, et je ne me souciais pas de diner.

— En ce cas, je vous conseille d’être fort sobre, répliqua Suzanne ; puis voyant avec surprise qu’il se versait un plein verre de kümel, elle dit à la comtesse :

— Je vous demande pardon, madame, si je me permets de vous dire que les liqueurs fortes empêchent la croissance des adolescents et nuisent à la solidité du système osseux.

— Bah ! » s’écria Stéphane, et saluant Mlle Mertaud du verre qu’il tenait à la main, il en avala d’un trait le contenu. Aussitôt sa figure pâle se marbra de taches pourpres et il repoussa son assiette par un mouvement de dégoût.