Page:Blandy - Le Petit Roi.djvu/51

Cette page n’a pas encore été corrigée

le cocher qui avait relevé sa tête, courbée jusque-là par la frayeur au niveau de sa poitrine, et lui fit signe de s’éloigner. Le cocher courut après ses chevaux et Mlle Mertaud se demandait ce qu’elle allait dire à Stéphane lorsqu’il se prit à l’invectiver en russe avec une fougue dont l’emportement fut salué par Arkadi d’un éclat de rire moqueur.

« Je n’entends pas le russe, M. Stéphane, dit Suzanne en anglais ; mais… »

Arkadi l’interrompit aussitôt : Mademoiselle, Stéphane vous dit que vous lui serrez trop fort le poignet.

— Ma main, répondit Suzanne en lâchant le bras de Stéphane, fait cependant moins de mal qu’une cravache. »

Elle se repentit d’avoir prononcé ces paroles quand elle vit Stéphane pâlir et trembler de tous ses membres.

— De telles colères sont véritablement des maladies. Vous êtes souffrant, monsieur, lui dit-elle.

— Stéphane souffre toujours, répondit Arkedi, quand ses colères ne suivent pas leur cours habituel. »

Stéphane se redressa sous cette attaque directe et adressa à son cousin une kyrielle de reproches qu’il ponctuait de coups de poing frappés contre la balustrade du perron.

« C’était bien la peine de crier comme un aigle quand mademoiselle te tenait la main tout à l’heure, répondit en anglais Arkadi à cette violente apostrophe. Tu vas te