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line de la vérandah. Debout sur la plus haute marche du perron, les bras croisés sur sa veste de velours par un geste qui ramenait presque au niveau de son épaule gauche sa cravache qu’il tenait de la main droite, sa barrette d’astrakan gris enfoncée de travers, les lèvres avancées par une moue arrogante, les yeux clignotants, Stéphane essayait de prendre l’air terrible d’un souverain bravé ; cet air eût été odieux si un âge plus avancé lui eût donné des droits de commandement ; mais, ainsi affecté par un jeune garçon de treize ans, il ne parut que ridicule au bon sens de Mlle Mertaud.

Telle n’était pas l’impression de quatre ou cinq personnages subalternes qui se tenaient à distance respectueuse derrière Stéphane. C’étaient les valets de pied, hôtes paresseux des antichambres russes ; ils étaient groupés curieusement autour de la porte entr’ouverte dans une attitude qui avertit Suzanne « qu’il allait se passer quelque chose. »

Elle regarda ses compagnons de route. M. Carlstone — et c’était chez lui un sûr indice d’émotion — tirait ses favoris grisonnants et toussait entre ses dents serrées ; quant à Arkadi, s’il y avait péril, il se montrait plus brave, car ce fut avec une grâce dégagée qu’il offrit sa main à Mlle Mertaud pour descendre de voiture et qu’il lui aida à monter les marches du perron.

Un choc brusque les sépara dès la troisième marche. Stéphane passa entre eux comme un tourbillon cn faisant