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siècle. Un Alénitsine en avait rapporte de Versailles les dessins et le plan qu’il avait fait exécuter par un architecte saxon, au grand scandale des Moscovites, qui haïssaient alors, plus encore qu’aujourd’hui, toute innovation étrangère.

Malgré la fidélité d’imitation que son engouement pour les modes françaises lui prescrivait d’observer, cet Alénitsine avait dû faire des concessions au climat de son pays, et si les fenêtres s’ornaient de moulures roulées en coquilles et s’élevaient en hauteur, elles présentaient un double rang de vitrages ; si le perron ouvrait majestueusement l’éventail de ses douze marches de marbre sur une grande cour entourée de communs, il était encastré dans une large vérandah de verre, couverte en zinc colorié, dans laquelle les voitures pénétraient afin que lés visiteurs ne fussent pas obligés de mettre pied à terre en plein air.

Pendant que l’américaine qui amenait les promeneurs à la maison Alénitsine décrivait dans la cour le vaste demi-cercle qui devait l’introduire dans la vérandah, Mlle Mertaud devina que Stéphane guettait leur arrivée, car le portier venait d’échanger avec Arkadi quelques mots en russe, et si elle n’avait rien compris à ce court conciliabule, elle avait saisi le sens du geste par lequel le portier avait désigné la vérandah.

Stephane était là, en effet, et elle l’aperçut dès le moment où le bruit des roues fit tressaillir la coque cristal-