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ne rentrera qu’à trois heures pour le dîner, et l’américaine nous attend en bas tout attelée.

— Que dira Stéphane ! s’écria M. Carlstone d’un air véritablement alarmé. Il tenait à étrenner cette voiture.

— D’abord, répliqua le jeune garçon, mon oncle Pavel nous l’a envoyée à tous les deux ; ensuite le cheval est à moi, puisqu’il vient de ma propriété de Nervitsa. Oh ! je suis un riche seigneur terrien, dit-il avec une comique emphase à Mlle Mertaud qu’amusait sa vivacité. Mes revenus d’un an payeraient bien pendant… quinze jours les caprices du petit Roi. Mademoiselle, acceptez — vous ma proposition ? Le meilleur moyen de faire connaissance est de causer ensemble avant de conjuguer des verbes. Si vous voulez bien m’inviter à déjeuner avec vous à l’hôtel, je remplirai ensuite de mon mieux mon office de cicerone. »

En dépit des sourcils froncés de M. Carlstone, Suzanne accepta l’offre d’Arkadi. Outre qu’il lui répugnait de répondre à un bon mouvement de l’enfant par un refus qui l’eût indisposé contre elle dès le premier abord, elle trouvait plus séant de rentrer à la maison Alénitsine avec son élève que de l’y renvoyer tout seul, et après s’être assurée auprès de M. Carlstone que la comtesse, livrée à sa seule inspiration, ne serait point choquée de cette promenade, elle s’inquiéta peu du mécontentement de Stéphane.