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en boucles courtes et serrées sur son front carré, avec ses yeux grands ouverts par une curiosité enjouée, son nez d’un retroussis spirituel, et les fossettes que creusait dans ses joues le sourire de sa bouche mutine.

Suzanne devina tout de suite que c’était un de ses élèves, et elle lui eût adressé la parole la première si elle eût été sûre d’être comprise par lui. Pendant qu’elle hésitait, l’enfant dit en excellent anglais à M. Carlstone.

« Pourquoi ne serait-ce pas moi, monsieur Carlstone ? Puisque vous aimez la régularité, je vous saurais gré de me présenter à mademoiselle. »

Après ces mots dont le ton plaisant atténuait le sans-façon, il reprit plus sérieusement :

« Je vous en prie, M. Carlstone, présentez-moi. Venir ici le premier, était le seul moyen que j’eusse de réparer un peu pour mon compte la sottise d’hier.

— Monsieur, j’entends l’anglais, dit vivement Suzannie dans cette même langue.

— Alors, lui répondit le jeune garçon en s’avançant vers elle la main ouverte, amis ?…

— De tout mon cœur, répliqua-t-elle, et touchée de l’aveu de l’enfant au sujet de l’incident de la veille, elle ajouta en lui serrant la main : « Le comte Stéphane ? »

Il éclata de rire : « Voilà, s’écria-t-il, l’effet des présentations incorrectes. C’est votre faute, monsieur Carlstone. Laisser prendre pour son Omnipotence, Stéphane Paulowitch, le pauvre Arkadi Alénitsine ! Quelle irrévé-