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d’espérer. C’est bel et bien un affront que Stéphane a voulu vous ménager, afin qu’il vous fût prouvé dès votre arrivée que son caprice seul, ici, fait la loi. Il s’est basé pour ne pas vous recevoir hier, sur cette ancienne superstition russe qui veut qu’on ne se mette pas en voyage et qu’on n’arrive pas dans un lieu qu’on doit habiter, le lundi. Ce jour-là, je ne sais pourquoi, est déclaré funeste à toutes les inaugurations. La comtesse a cédé, tout en déplorant de manquer à ses devoirs envers vous. Mais Stéphane avait parlé, et son objection au sujet du lundi marquait des dispositions si favorables à ses futures études de français !… Ceci, d’après la comtesse qui interprète toujours dans un sens bienveillant les malices de son petit-fils. Or, c’était bien une malice que cette décision, car il a dit, une heure après, que ces distinctions de bons et de mauvais jours étaient des superstitions ridicules, bonnes pour les cerveaux étroits des mougiks. Il est vrai que sa grand’mère n’était plus là et qu’il a cru devoir à sa dignité de mettre fin par cette déclaration aux railleries dont le poursuivait Arkadi.

— Arkadi ? C’est là, si je ne me trompe, mon second élève ! » demanda Suzanne avec intérêt.

Un nouveau voyage du doigt de M. Carlstone fit se joindre ses deux index ; mais il les sépara aussitôt et élevant ses deux mains par un geste pathétique, il s’écria :

« Le plus moqueur, le plus espiègle des jeunes garçons de treize ans ! le caractère le plus mobile et le plus in-