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phane. Ne me prenez pas pour un critique malveillant à l’égard de la comtesse, ma chère. Si je n’approuve pas son adoration aveugle pour son petit-fils, je me l’explique. Elle a vu mourir quatre enfants du comte Pavel et leur mère dans le courant d’une seule année. Elle s’est d’autant plus attachée à Stéphane, le seul rejeton de la famille, que le comte Pavel a déserté la maison désolée par tant de deuils, et s’est mis à voyager, demandant à des études scientifiques une distraction à ses chagrins. Vous pouvez essayer d’imaginer, mais vous ne concevez pas sûr combien l’habitude de maîtriser tout ce qui à coup l’entoure a rendu Stéphane intraitable. Votre existence sera comme la mienne, une série de luttes inutiles contre le mauvais vouloir et la morgue de celui qu’on désigne ici sous un nom qui vous résumera tout ce que j’avais à vous dire : le petit Roi.

— Le petit Roi ! cela promet en effet, mais je dirai comme vous hier au soir : nous verrons bien ! » s s’écria Suzanne avec une énergie souriante.

L’index de M. Carlstone sauta sur le médium de sa main gauche pendant qu’il hochait la tête d’un air de doute.

« Troisième question, reprit-il : Pourquoi vous n’avez pas été conduite hier, comme il eût été convenable que cela se fit, à la maison Alénitsine ?… La réponse, ma chère, va à l’encontre de votre confiance, car elle est d’un mauvais pronostic pour l’influence qu’il vous est permis