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fils et quelques travers moscovites, c’est une femme d’esprit et une véritable grande dame que la comtesse Praskovia.

— Êtes-vous donc assez familier avec elle pour la désigner par son nom de baptême ? demanda Mlle Mertaud.

— C’est la coutume russe ; les mougiks de ses terres l’appellent eux-mêmes par ce nom sans même le faire précéder par son titre, et lui disent tout uniment : « Praskovia Stepanovna. » Ce dernier nom est celui de son père et notre jeune élève est appelé, même par ses serviteurs qui cependant le craignent comme le feu : Stéphane Paulowitch. Vous savez que le comte, dont vous avez dû apprécier l’urbanité à Paris quand il est allé vous engager à venir ici, se nomme Paul, ou Pavel, comme on dit en Russie.

— Je me ferai facilement à ces coutumes, dit Suzanne. Mais ce n’est qu’une faible préface à tout ce que vous avez à m’apprendre….

— Procédons régulièrement, répéta M. Carlstone qui, ayant satisfait à travers cette parenthèse à la première question de sa jeune amie, passa son index droit du petit doigt de la main gauche sur l’annulaire, afin de coordonner ses réponses.

— Pourquoi la vie vous sera difficile ici ?… Parce que le comte Pavel vous a assigné comme à moi, une tâche impossible. Il a quitté la Russie depuis trop longtemps pour savoir ce que la faiblesse de sa mère a fait de Sté-