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quiétudes que lui avaient laissées les propos embarrassés de son vieil ami, malgré le juste désappointement qu’elle ressentait de passer sa première nuit à Moscou sous le toit banal d’un hôtel, elle s’endormit d’un sommeil réparateur, renvoyant au lendemain d’apprendre le mot de l’énigme qui lui avait été posée par M. Carlstone.

En s’éveillant de bonne heure aux bruits de Gasetni-Péréoulok, qui est la rue dans laquelle est situé l’hôtel Chevallier, Suzanne médita, tout en se préparant à recevoir M. Carlstone, sur l’étrangeté de la réception qui lui avait été faite la veille. Aussi, bien qu’elle fût discrète de sa nature, dès que son vieil ami lui eut été annoncé, à l’heure convenue, elle lui fit des questions auxquelles le digne homme eut peine à répondre, tant elles étaient pressécs et délicates.

« Procédons par ordre, dit-il enfin. Vous me demandez d’abord si la comtesse vous voit venir à regret ? N’en doutez pas ; elle a pour le petit comte Stéphane l’idolâtrie d’une grand’mère russe, riche et noble, qui élève l’unique héritier de son nom. Stéphane déteste l’étude et se lamente depuis un mois déjà devant la perspective du surcroît de besogne que votre arrivée dans la maison va lui imposer. J’ai entendu dix fois la comtesse regretter que son fils, le comte Pavel, ait gagné dans ses voyages en Occident la manie d’apprécier les connaissances cosmopolites. Néanmoins, vous serez honorablement traitée dans la maison, car à part sa faiblesse pour son petit-