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aussi Suzanne se prit-elle à regarder les rues inondées de gaz, car c’était le soir ; les unes splendides et toutes neuves, les autres tortueuses et en pente, et comme le droski entrait enfin dans une vaste cour entourée de bâtiments très-éclairés, elle dit à son compagnon de route.

« Nous voici arrivés chez la comtesse Alénitsine ?

— Non… non, balbutia M. Carlstone, nous sommes dans le meilleur hôtel de Moscou, à l’hôtel Chevallier, où vous devez passer la nuit. Ce n’est que demain que vous serez établie à la maison Alénitsine. Du reste, je suis venu dans la journée vous recommander ici et choisir votre appartement. On parle français à l’hôtel et un thé servi vous attend chez vous.

— Mais expliquez-moi, dit Suzanne, ce bizarre procédé, cet internement dans un hôtel ! Ne m’attendait-on pas ? Ce manque d’égards a lieu de m’étonner. Vous m’en voyez confus moi-même, reprit M. Carlstone. Mais rassurez-vous, et, en attendant, prenez patience ; croyez que je vous laisse ici chez d’honnêtes gens. Je serai chez vous demain de bonne heure pour vous expliquer tout ceci, car vous êtes en vérité trop fatiguée pour supporter une longue conversation, et s’il faut tout dire, je suis forcé de rentrer sans retard, je l’ai promis.

— À huit heures donc, si vous voulez bien », dit Suzanne en se séparant de M. Carlstone, et malgré les in-