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Les excuses de Suzanne, au sujet de sa faiblesse puérile se croisèrent avec celles de M. Carlstone, et tous les deux échangèrent des protestations amicales, pleines de cordialité, pendant qu’ils prenaient place dans un droski de louage.

Quand la voiture roula par la ville, avec la rapidité des véhicules russes, Suzanne, désormais rassurée, adressa quelques questions à M. Carlstone au sujet de ses futurs élèves. Jusque-là très-ouvert de physionomie et de langage, le professeur d’anglais donna subitement à ses traits une sorte de roideur qui ne laissa pas d’inquiéter Mlle Mertaud.

« Vous verrez… vous verrez vous-même assez tốt, répondit-il enfin en soupirant : Ah ! pourquoi Mme Mertaud ne m’a-t-elle pas consulté avant de vous envoyer ici ?… Mais c’est fait, et je me réjouis du moins d’être près de vous, puisque je pourrai vous rendre le service de vous ramener en France si, après épreuve faite, vous désirez quitter Moscou, comme je le crains.

— J’aurai du courage, j’en ai fait provision, dit Mlle Mertaud. Qu’ai-je à redouter ? des enfants indociles, sans doute gâtés ? Cela n’est pas sans remède.

— Vous verrez… vous verrez vous-même, insista mélancoliquement M. Carlstone. Vous regretterez, nous regretterons ensemble notre pauvre France et les meurs si douces de ses habitants. »

Il ne paraissait pas en humeur d’en dire davantage,