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« Grand’mère, dit-il, lors même que je demeurerais avec toi, tu regretterais toujours mon oncle et Stéphane, n’est-ce pas ? Eh bien, puisqu’ils ne peuvent rester ici, puisqu’ils ont à conduire Tada-Yoci au Japon, viens avec nous. De cette manière, nous ne nous séparerons pas.

— Avec vous ! au Japon… à mon âge, ce serait une folie ! murmura la comtesse.

— Tu disais comme cela quand tu es venue en France et tu t’y plais beaucoup maintenant.

— Ah ! ma mère, dit le comte, voilà une bonne idée qu’a cet enfant. Vous n’êtes point sujette au mal de mer, je le sais ; enfin le navire m’appartient ; vous y serez confortablement installée ; nous pourrons relâcher et prendre terre toutes les fois que votre santé l’exigera…

— Mais que ferais-je sur ce navire ? à quoi vous servirais-je, grand Dieu !

— Tu en seras la reine, grand’mère, dit Arkadi, tu nous serviras à être heureux de ta présence.

— Écoutez ! je peux si peu me passer de vous tous que je me résous à cette folie, car je maintiens le mot, à cette folie, mais à une condition seulement : puisque nous faisons tant que de ne pas rompre notre petit cercle, c’est qu’il restera complet. Mademoiselle Mertaud, vous pouvez faire vos paquets. Vous nous accompagnez. Voyons si la furie française va se montrer aussi décidée que le sang-froid britannique.