ton pays, nous ferons un peu l’école buissonnière ; je veux montrer à Stéphane et à toi les villes des côtes ; nous pousserons des pointes dans les pays qui nous intéresseront ; enfin, ce voyage sera le complément de votre éducation à tous les deux.
— Ah ! monsieur le comte, si j’osais… murmura Mlle Mertaud avec un accent de prière.
— Mademoiselle, vous savez avec quelle déférence je suis prêt à écouter tout ce que vous me faites l’honneur de me dire.
— Veuillez regarder Arkadi ! »
Arkadi faisait une triste mine ; sa figure habituellement joviale s’était allongée ; il mordait ses lèvres pour vaincre la contraction pénible qui amenait des larmes à ses yeux ; mais en dépit de ses efforts, son regard était aveuglé par un nuage humide.
— « Qu’y a-t-il donc ? demanda le comte étonné.
— Rien !… Rien ! » murmura Arkadi d’une voix altérée ; car s’il y a assez de l’enfant chez un jeune homme de dix-huit ans pour que des pleurs involontaires trahissent l’émotion en lui, il y a déjà une sorte de fierté virile qui cherche à nier cette faiblesse.
« Vous ne devinez pas, monsieur ? reprit Mlle Mertaud. Ces enfants vont se séparer, vous promettez à deux d’entre eux le plus attrayant voyage, et le pauvre Arkadi ne peut s’empêcher d’avoir un double chagrin en se voyant séparé de ses deux amis, et en ne partageant pas