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ces groupes étrangers, à costumes bizarres, sans qu’il sortît de cette cohue personne qui la saluât au nom de la famille de ses élèves, et lui rendit ainsi son arrivée facile. Elle avait pourtant relevé son voile, et sa photographie, qu’elle avait jointe prudemment à la mention du train qu’elle prendrait à Saint-Pétersbourg, devait guider les envoyés de la comtesse. D’ailleurs, un vieil ami de la famille Mertaud, M. James Carlstone, était depuis dix mois dans la maison Alénitsine comme professeur d’anglais. Suzanne avait pensé qu’il appartenait à M. Carlstone plus qu’à tout autre de venir à sa rencontre, et elle avait compté serrer sa main amie au sortir du train. Comment n’était-il pas là ?

Quand la foule se fut à demi écoulée, Mlle Mertaud se trouva portée sans s’en douter à une des extrémités de la salle d’arrivée et là, encore plus lassée par son découragement que par la lutte machinale qu’elle avait opposée au tournoiement des allants et venants, elle se laissa tomber sur un banc ; quelques larmes qu’elle ne sut pas retenir mouillèrent ses paupières et elle serait restée peut-être longtemps perdue dans l’inertie de ses angoisses, si une voix enfin connue n’eût fait tout à coup entendre à ses côtés cette exclamation :

« Ah ! chère enfant !… miss Suzan !… pleurant déjà ! C’est une triste arrivée. Je vous cherchais partout, et je me reproche de n’avoir pas su vous voir plus tôt. Je suis bien maladroit et très-coupable de l’être, miss. »